Les Assises Nationales de la Filière Vanille se sont tenues dernièrement dans la capitale comorienne. Placée sous le thème « Quel plan stratégique pour le moyen et long terme ? Quelles actions, quels engagements ? », cette rencontre s'est voulue être un marqueur pour la relance de la filière vanille comorienne, en proie à une crise structurelle depuis plusieurs années.
Durant trois jours d’échanges, producteurs, exportateurs, techniciens, représentants institutionnels et partenaires au développement ont dressé un état des lieux lucide de la situation et défini une feuille de route. Sept axes prioritaires ont été identifiés pour redonner à la vanille comorienne sa place d’antan sur les marchés mondiaux. Parmi les principales mesures figure la centralisation des stocks à l’Office Comorien des Produits de Rente (OCPR), la mise en place d’un moratoire sur les dettes, ainsi qu’une répartition équitable des pertes entre l’État (50 %), les banques (25 %) et les acteurs de la filière (25 %). Les discussions ont également souligné la nécessité d’une diversification des débouchés commerciaux, en misant notamment sur la ZLECAF, le monde arabe et l’Asie, ainsi que la promotion de la transformation locale pour capter davantage de valeur ajoutée.
La modernisation du secteur passe aussi par un investissement dans les compétences et les outils. Les participants ont insisté sur le renforcement des capacités techniques et humaines à travers des formations dédiées aux normes internationales de production, de conservation et de transformation. L’objectif : garantir une qualité constante et compétitive. Un label national et une Indication Géographique Protégée (IGP) “Vanille des Comores” verront prochainement le jour, accompagnés de la création d’un laboratoire national de contrôle qualité. Ces initiatives visent à renforcer la traçabilité, la réputation et la crédibilité du produit sur le marché international.
Le ministre de l’Agriculture, Dr Daniel Bandar, a salué le rôle déterminant de la coopération française, notamment à travers l’AFD et Expertise France, dans le cadre du projet Afidev-Comores. « Notre ambition est claire : faire de la vanille comorienne une marque de prestige, protégée, valorisée et compétitive », a-t-il affirmé, avant d’ajouter : « La crise que nous traversons ne doit pas nous diviser, mais nous fortifier. Elle doit être le moteur de notre transformation. » Explication a aussi été donnée que ces assises marquent le début d’une nouvelle gouvernance du secteur, fondée sur la transparence, la compétitivité et la durabilité.
Un comité multisectoriel de suivi sera prochainement institué pour assurer la mise en œuvre des recommandations adoptées. Clôturant les travaux, le président Azali Assoumani a réaffirmé la détermination du gouvernement à soutenir tous les acteurs de la filière et à faire de la vanille un pilier du développement économique et social des Comores. « L’avenir de la filière vanille dépend moins de ce que le monde décide pour nous que de ce que nous décidons de faire ensemble », a aussi déclaré le ministre de l'Agriculture, appelant à une action collective et une gouvernance exemplaire. Avec cette vision renouvelée, les Comores entendent redonner à leur vanille son prestige international, tout en renforçant la fierté nationale et la prospérité des familles rurales qui font vivre, depuis des générations, l’or vert de l’archipel.
