La Commission de l’océan Indien a organisé à Ebène (Maurice), les 25 et 26 août 2025, le dernier comité de pilotage du Plan régional de surveillance des pêches (PRSP). Ce mécanisme emblématique de la coopération régionale dans le domaine des pêches est soutenu depuis ses débuts, il y a 15 ans, par l’Union européenne à travers différents programmes, dont ECOFISH qui arrive à échéance.
Cette réunion a été, d’une part, l’occasion d’un bilan de la lutte coordonnée contre la pêche illégale, non déclarée et non réglementée (INN) et, d’autre part, de poser les jalons de la pérennisation du PRSP. En ligne de mire : un Centre régional de surveillance des pêches. « Il nous revient de préparer l’institutionnalisation du PRSP et décider de sa continuité à travers la création d’un Centre Régional de Coordination pour le Suivi, le Contrôle, la Surveillance et l’Observation des Pêches », a souligné Edgard Razafindravahy, Secrétaire général de la COI. « La perspective de la création d’un Centre régional constituera une avancée stratégique majeure, appelée à consolider et à amplifier notre réponse collective face aux défis qui nous interpellent », a-t-il aussi expliqué.
Un tel Centre a donc vocation à maintenir et développer les acquis du PRSP dans la durée. Et ces acquis sont concrets. Dans le cadre du programme ECOFISH, les pays participants du PRSP à savoir les Etats membres de la COI, le Kenya, le Mozambique, la Tanzanie et la Somalie, ont poursuivi l’organisation de missions régionales. En plus des patrouilles en mer, des missions aériennes, des moyens satellitaires, des ressources humaines et matérielles ont été mobilisées par les Etats avec le soutien de l’Union européenne. Ainsi, c’est un total de 65 patrouilles régionales qui ont été organisées dont 12 dans le cadre du programme ECOFISH, certaines avec le concours de la Région Réunion à travers le programme INTERREG V.
Concrètement, le PRSP a permis de contrôler 723 navires en mer, de constater 137 infractions et de procéder au déroutement au port de 21 bateaux. En complément, 41 missions aériennes permettant de contrôler 545 navires ont été conduites, près de 8 millions de données de suivi des navires par satellite ont été échangées ou encore 240 inspecteurs des pêches et 49 observateurs ont été bénéficié de formations techniques. « La pêche INN dans le bassin du Sud-Ouest de l'océan Indien a toujours représenté une des menaces les plus graves pour la durabilité de nos océans. Des zones de pêche cruciales sont exploitées par des opérateurs illégaux, qui exploitent nos ressources maritimes de manière incontrôlée, souvent au mépris des réglementations locales et internationales », a déploré pour sa part Jose Maria Troncoso Perera, chef de coopération de la Délégation de l’Union européenne.
De fait, « la lutte contre la pêche INN ne peut être menée seule […] C’est pour cela que l’Union européenne, s’est engagée pour contribuer à la durabilité de la pêche et à la sécurité maritime, l’efficacité et l’efficience des systèmes de suivi, control et surveillance (SCS) », a-t-il ajouté. L’enjeu est donc de taille pour les économies et la sécurité alimentaire de la région. Le PRSP constitue ainsi une des réponses coordonnées qui a démontré son efficacité, tant en termes de dissuasion que de répression. Reste que la fin du programme ECOFISH qui permet de cofinancer les missions régionales constitue un nouveau défi opérationnel que les Etats participants du PRSP entendent relever collectivement en assurant la pérennisation de ce dispositif efficace, utile et collaboratif.