À l’occasion du Jour du dépassement de la Terre, célébré le 24 juillet dernier, plusieurs restaurants de La Réunion ont relevé un défi original : proposer une carte 100 % végétarienne ou végétalienne le temps d’un week-end. L’initiative, portée par le collectif “L214ème jour”, visait à sensibiliser la population aux impacts environnementaux et sanitaires de l’alimentation.
À Saint-Pierre, un restaurant spécialisé dans la cuisine d’Amérique latine a joué le jeu. Chaque matin, la co-gérante Chloé Mangue sélectionne minutieusement ses fruits et légumes frais auprès des producteurs locaux. Pour séduire sa clientèle, elle a même ajouté une offre promotionnelle : « Nous proposons toujours une option végétarienne, mais aujourd’hui, pour inciter les clients à la choisir, nous offrons une citronnade d’Amérique latine », explique-t-elle.
Dans sa cuisine, les couleurs s’invitent dans les assiettes : brèdes, menthe, coriandre, basilic, radis, chouchou et agrumes s’associent à des épices relevées comme le piment mexicain fumé. « On mange d’abord avec les yeux. Il faut que les clients se régalent autant visuellement que gustativement », souligne Élodie Lauret, l’une des cuisinières. Au menu : maïs grillé avec guacamole, quesadillas aux champignons ou encore tostadas végétariennes revisitées avec une touche créole. Des recettes originales qui séduisent même les amateurs de viande. « Je suis poissonnier, j’ai l’habitude de manger du poisson ou de la viande, mais ce plat est excellent », confie Lionel, un client conquis. D’autres, comme Sylvain, reconnaissent que l’expérience est agréable, même si « sur le long terme, un régime végétarien paraît difficile à tenir ».
Le collectif rappelle que l’alimentation représente 24 % des émissions de gaz à effet de serre, dont 60 % proviennent de la viande et du poisson. Selon Bernard Padé, citoyen engagé, « passer à un régime végétal fait chuter ce taux à 7 %. Les restaurateurs ont donc un vrai pouvoir pour réduire notre impact écologique ». En France, 80 % des animaux consommés proviennent de l’élevage intensif, un modèle qui pèse lourdement sur l’environnement et le bien-être animal. « Entre un plat végétal et un autre qui a nécessité le sacrifice d’un animal, beaucoup choisiraient naturellement l’option végétale si elle est savoureuse », insiste Bernard Padé.
À La Réunion, où 15 % des adultes sont en situation d’obésité et 85 000 personnes sont diabétiques, l’adoption d’un régime plus végétal pourrait aussi améliorer la santé publique. L’Anses confirme qu’un régime végétarien est associé à un risque plus faible de diabète de type 2, ainsi qu’à une réduction des maladies cardiovasculaires, de certains cancers et des troubles gastro-intestinaux. Pour le collectif, le “L214ème jour” n’est pas qu’un simple événement : c’est un appel à réfléchir sur notre alimentation et ses conséquences. Car mieux manger, c’est à la fois préserver la planète, les animaux et sa propre santé.
