L’initiative « Africa Think Tank Platform (ATTP) », portée par l'Union africaine et appuyée par la Banque mondiale, veut financer jusqu’à cinq consortiums de centres de recherche de la région pour renforcer le lien entre science, données et politiques publiques.
Selon les informations disponibles, l'initiative va pouvoir consacrer jusqu'à 10 millions $ par projet, sur deux ans et demi. Elle est menée en partenariat avec la Fondation pour le renforcement des capacités en Afrique (ACBF) et l’AUDA-NEPAD (l’agence de développement de l’UA). L’appel à projets été officiellement lancé le jeudi 24 juillet 2025, à Addis-Abeba, lors d’une rencontre hybride. « Le projet va appuyer entre trois et cinq consortiums composés de 3 à 5 think tanks chacun. Chaque consortium pourra bénéficier d’un appui d’environ 10 millions de dollars », a-t-on aussi tenu à préciser afin d'inciter les organisations concernées à se manifester.
« L'ATTP vise avant tout à renforcer l’interface entre l’élaboration des politiques et la recherche menée par les Africains. Il répond à une nécessité de longue date : intégrer les données et les analyses à chaque étape de nos processus décisionnels, et s’assurer que les institutions et les acteurs africains soient à l’avant-garde de la trajectoire de développement du continent », selon Selma Malika Haddadi, vice-présidente de la Commission de l’UA, lors du lancement officiel de l’appel à propositions.
Selon toujours les explications fournies, l’objectif est de soutenir des recherches collaboratives dans six domaines prioritaires : transformation économique et gouvernance, changement climatique, commerce régional, sécurité alimentaire, développement du capital humain et numérisation. Les acteurs seront notamment appuyés par l’ACBF, structure technique au cœur du dispositif, qui devrait mettre à contribution ses plus de trois décennies d’expérience dans le développement de la recherche en Afrique, ayant déjà appuyé, sur la période, 50 think tanks de la région.
Abdrahmane Dicko, directeur des programmes et de l’impact à l’ACBF, a noté pour sa part qu'il s’agira à terme de positionner les think tanks comme levier de la gouvernance publique et de l’intégration régionale. Du côté de l’UA, l’ambition est notamment de constituer un réseau de centres de recherche capables de produire des analyses enracinées dans les réalités locales. « Ce n’est pas seulement un appel à projets, mais un appel à réaffirmer notre capacité collective à diriger, innover et transformer », a ainsi commenté Faten Aggad, cheffe adjointe de cabinet de la Commission de l’UA.
A constater qu'en Afrique de l’Ouest, les think tanks ont émergé dans les années 1990-2000, principalement sous l’impulsion des réformes démocratiques et des programmes de développement initiés par les institutions internationales. Des structures comme le Centre Ivoirien de Recherches Économiques et Sociales (CIRES) en Côte d’Ivoire, le Centre pour la Gouvernance Démocratique (CGD) au Burkina Faso, ou encore le Centre for Democracy and Development (CDD) basé au Nigeria, se sont imposées comme des plateformes incontournables de réflexion sur la gouvernance, la démocratie et le développement économique.
Dans la région de l’océan Indien, le mouvement est plus récent, mais suit une trajectoire similaire. À Madagascar, des structures comme l’Observatoire du Développement Sociétal ou l’Institut des Sciences Politiques et Sociales mènent des recherches sur la gouvernance et la lutte contre la pauvreté. À Maurice, l’Economic Development Board et l’Institute of Economic Policy contribuent aux débats sur la diversification économique et la résilience face aux crises mondiales. Aux Comores et aux Seychelles, bien que les think tanks soient encore embryonnaires, plusieurs projets universitaires et associatifs posent les bases d’un écosystème de réflexion stratégique.