Dans un contexte où les métiers manuels souffrent d’un manque de reconnaissance et où les entreprises peinent à recruter, un cabinet fondé par quatre Mahorais entend bousculer les codes. Créé en mars 2022 par quatre associés originaires de Mayotte, 2JRD Consultants ambitionne de redonner à l’artisanat toute sa place dans le développement économique régional.
Le cabinet, qui conjugue conseil en stratégie, ingénierie et formation, mise sur une approche de proximité avec les acteurs de terrain. Objectif : aider les artisans de Mayotte, Madagascar, des Comores et de La Réunion à se structurer, se professionnaliser et gagner en visibilité. « Avec nous, faites de l’artisanat la plus belle des réussites », résume Jean-Denis Larroze, cofondateur du cabinet. Une devise qui illustre leur stratégie : une implantation régionale multipolaire, avec un siège à Antananarivo, un bureau à Mayotte et des antennes à Diego Suarez et Sainte-Clotilde (La Réunion).
Le cabinet qui a fait remarquer qu'à Mayotte, les difficultés de recrutement touchent de plein fouet l’artisanat. Selon les analyses de 2JRD basées sur l’étude France Travail 2025, près d’un projet de recrutement sur deux est jugé difficile dans l’île. Les secteurs les plus concernés sont le BTP, la restauration, les services à la personne, l’agriculture, ainsi que la santé et le social. Face à ce constat, 2JRD se positionne comme un maillon stratégique entre les artisans et leurs marchés. Ni agence institutionnelle ni simple intermédiaire commercial, le cabinet accompagne ses clients dans l’ensemble de leurs démarches : formation, logistique, mise en réseau, représentation lors d’événements. « Nous avons par exemple des contrats d’exportation et d’importation de vanille avec des artisans malgaches et nous les accompagnons sur des salons internationaux, comme la Foire internationale et gastronomique de Dijon prévue en novembre prochain », explique Jean-Denis Larroze.
À la croisée des influences africaines, arabes et malgaches, l’artisanat mahorais reflète l’histoire et la diversité culturelle de l’île. Longtemps cantonné aux productions utilitaires, ce secteur s’impose aujourd’hui comme un levier potentiel de développement économique et social, à condition de surmonter ses défis structurels. L’artisanat mahorais plonge ses racines dans un métissage culturel ancien. Les savoir-faire accumulés depuis des décennies se retrouvent dans les techniques de vannerie, de tissage et de travail du bois. La vannerie traditionnelle, souvent pratiquée par les femmes, reste l’un des symboles forts de cette transmission intergénérationnelle, avec la fabrication de paniers, de nattes et d’accessoires utilisés au quotidien.
La sculpture sur bois, notamment pour la confection de meubles et d’éléments décoratifs, témoigne d’une influence swahilie et arabe, tout comme la production de bijoux en argent et de parures destinées aux cérémonies. Le textile, à travers le salouva – vêtement traditionnel féminin – illustre également la richesse des échanges commerciaux et culturels dans le canal du Mozambique. Pendant longtemps, ces savoir-faire ont été confinés à une production locale et familiale, avec peu de débouchés commerciaux. Mais l’ouverture progressive de Mayotte au marché régional et aux échanges internationaux redessine les contours de l’artisanat. D'où le choix de 2JRD Consultants de miser sur cette filière.
