La République des Seychelles a marqué une étape diplomatique majeure en présidant, le 23 octobre 2025 à Bahreïn, la réunion consultative stratégique du Groupe de contact sur les activités maritimes illicites (CGIMA). L’événement s’est tenu en marge de la 53ᵉ Conférence SHADE (Shared Awareness and Deconfliction) et a réuni plus de cinquante participants représentant États membres, organisations régionales, partenaires internationaux et acteurs du secteur privé.
Placée sous la présidence de l’ambassadeur Gervais Moumou, représentant résident des Seychelles aux Émirats arabes unis, cette rencontre a marqué la première participation officielle du CGIMA sous la direction seychelloise, après la passation de pouvoir avec le Kenya en début d’année. Ce moment symbolique a permis de consolider le rôle des Seychelles comme acteur central de la gouvernance maritime dans l’océan Indien occidental. Au cœur des discussions figurait la Feuille de route stratégique 2025-2026, document de référence définissant la vision et les priorités du CGIMA sous présidence seychelloise. Présentée et approuvée par les membres, cette feuille de route trace les grandes orientations visant à renforcer la coordination régionale et la coopération interinstitutionnelle face aux multiples menaces maritimes.
Articulée autour de six axes majeurs, la stratégie entend consolider le rôle du CGIMA comme mécanisme de coordination et de rassemblement, stimuler un dialogue éclairé sur les nouvelles menaces maritimes, promouvoir les synergies entre les cadres régionaux tels que le DCoC-JA, SHADE, le CMF et le RMSA de la Commission de l’océan Indien (COI), approfondir la compréhension de la gouvernance et du droit maritime, élargir l’engagement des acteurs publics, privés et institutionnels, et accroître la visibilité du CGIMA sur la scène internationale. Dans son allocution d’ouverture, l’ambassadeur Moumou a rappelé l’ambition des Seychelles de promouvoir la sécurité et la coopération maritimes régionales à travers le dialogue et l’action collective. Il a souligné que le CGIMA, successeur du Groupe de contact sur la piraterie au large des côtes somaliennes (CGPCS), a désormais un champ d’action élargi couvrant la pêche illégale, le trafic d’êtres humains et la protection environnementale.
« Nos eaux partagées nous unissent, elles ne nous divisent pas », a-t-il affirmé, insistant sur la nécessité d’une coopération fondée sur la confiance et la responsabilité collective. Les participants ont unanimement salué le leadership inclusif et pragmatique des Seychelles, tout en reconnaissant la pertinence de la feuille de route stratégique. Plusieurs délégations, dont celles de l’Union européenne, de l’Organisation maritime internationale (OMI) et de la COI, ont exprimé leur volonté d’intensifier la collaboration pour renforcer la sûreté et la durabilité de l’océan Indien occidental.
La réunion s’est conclue sur un engagement commun à poursuivre la coordination régionale, à renforcer la coopération entre les divers mécanismes existants et à soutenir le rôle moteur des Seychelles dans la lutte contre les activités maritimes illicites. L’adoption officielle de la feuille de route interviendra lors de la prochaine session plénière du CGIMA, prévue en 2026. Selon un observateur averti de la scène maritime régionale, à travers cette présidence, les Seychelles confirment leur position de leader dans la diplomatie maritime régionale, en mettant en avant leur volonté d'œuvrer pour un océan Indien plus sûr, plus durable et plus solidaire.
