D’ici quelques mois, la coopérative UCOOPAM va acter l’ouverture d’un nouveau magasin baptisé « Kanya Ya Maoré » sur son site de Combani. Ce point de vente moderne complètera celui déjà existant dans la commune, avec pour ambition de permettre une montée en gamme des produits agricoles mahorais et un meilleur revenu pour les producteurs.
En attendant l’ouverture officielle, l’effervescence est déjà palpable. Ces derniers jours, les vendeuses s'activent pour ranger les premiers rayons pendant que les ouvriers poursuivent les travaux de finition. L’électricité n’est arrivée que depuis une dizaine de jours, signe que le projet entre dans sa dernière ligne droite après de longues années d’attente. Pour Laurent Guichaoua, acteur clé du projet, l’objectif est clair : « Il n’y aura pas d’intermédiaires ici, donc les agriculteurs pourront obtenir plus de marges sur leurs produits. Nous aurons aussi plus de liberté, en sortant des référencements classiques des magasins, et nous pourrons proposer des produits différents. » Le nouveau magasin permettra notamment la vente directe de produits peu présents dans les circuits classiques, comme les barbarines ou les fleurs de courge.
Autre innovation majeure : l’introduction progressive de produits biologiques, encore peu développés à Mayotte. « Nous allons proposer des prix stables au départ pour que les clients puissent s’approprier ces produits, avant une augmentation progressive », explique Laurent Guichaoua. Une stratégie pensée pour encourager la consommation locale et durable. Le futur magasin ne se limitera pas à l’alimentaire. Une partie sera dédiée à la vente de matériel agricole, notamment pour l’apiculture, le débroussaillage et l’irrigation. « Nous voulons proposer des produits plus techniques », précise-t-il. Une pépinière verra également le jour afin d’offrir un véritable espace de vente aux pépiniéristes, tout en favorisant leur structuration professionnelle.
Propriétaire du bâtiment, l’Ucoopam a choisi un modèle partenarial en sous-louant différents espaces à plusieurs acteurs majeurs du secteur agricole local. On y retrouvera ainsi la filière fruits et légumes de la COOPAC, la filière laitière Uzuri Wa Dzia avec une laiterie de lait de zébus, la filière chocolat et café Banga au Chocolat, l’association Saveurs et Senteurs de Mayotte pour la vanille et les épices, ainsi qu’Agrikagna pour les chantiers agricoles. Le bâtiment intégrera également des bureaux pour accompagner l’organisation de ces différentes structures.
Ce projet structurant est le fruit d’un long parcours semé d’embûches. Né il y a plus de dix ans, il a subi d’importants retards, notamment à cause du cyclone Chido. Après une demande de foncier déposée en 2015 et obtenue en 2020, il a encore fallu cinq années pour réunir les financements nécessaires. D’un montant global de 5 millions d’euros, le bâtiment a été financé à 90 % par des fonds européens. Pour Salime Soilihi, l’ambition va au-delà de Combani : « Nous avons l’objectif de faire venir encore plus d’agriculteurs, même si ce n’est pas évident pour tout le monde de se déplacer. Nous avançons étape par étape. » À terme, ce projet pourrait devenir un véritable levier de structuration et de valorisation durable de l’agriculture mahoraise.
