Artiste, militant et éducateur à la fois, Kan Chan Kin incarne une nouvelle génération de créateurs pour qui l’art est avant tout un outil de transformation sociale. Cet artiste à l’énergie contagieuse s’est donné pour mission de réconcilier l’humanité avec son environnement, en montrant que la beauté peut naître de ce que l’on rejette. Fondateur du projet “Trash to Music”, Kan Chan Kin transforme les déchets en instruments de musique.
Bidons, bouteilles, morceaux de métal ou de plastique : tout devient matière à création. Au-delà de l’aspect artistique, sa démarche vise à sensibiliser le public, et surtout les jeunes, aux enjeux environnementaux. Par ses ateliers participatifs et ses performances musicales, il défend un message simple mais puissant : refuser, réduire, réutiliser, recycler. Le parcours de Kan Chan Kin n’a rien de linéaire. Avant d’endosser le rôle d’artiste militant, il a d’abord évolué dans la scène musique électronique pendant huit ans. En parallèle, il dirigeait une entreprise de vêtements baptisée Endjoy. Mais au fil du temps, un sentiment d’incohérence s’est imposé à lui. « Ma musique manquait de sens, et je réalisais que la mode faisait partie d’une industrie parmi les plus polluantes », confie-t-il.
Ce déclic marque un tournant décisif. Il quitte tout du jour au lendemain pour se consacrer à la nature et à l’activisme. Les campagnes passées dans les forêts et sur les plages mauriciennes nourrissent en lui une colère lucide face à la pollution grandissante. De cette prise de conscience naît Trash to Music, une aventure artistique et éducative qui invite à “écouter les déchets” plutôt qu’à les ignorer. En 2025, Kan Chan Kin s’illustre particulièrement lors de la campagne océanographique et citoyenne ExPLOI (Expédition Plastique océan Indien), portée par la Commission de l’océan Indien (COI) et financée par l’AFD et le FFEM. Durant trois mois, il sillonne Maurice, Madagascar et les Seychelles pour animer des ateliers d’upcycling musical et sensibiliser des centaines d’enfants et de jeunes.
Ses interventions, à mi-chemin entre art et pédagogie, transforment les déchets marins en instruments sonores. Tambours fabriqués à partir de fûts, percussions de bouteilles plastiques, flûtes improvisées : chaque création devient un symbole d’espoir et de résilience. « La musique est un langage universel. Elle ouvre le dialogue, même là où les mots peinent à passer », explique-t-il. L’année 2025 marque aussi la sortie du livre Trash to Music, soutenu par le projet ExPLOI. Cet ouvrage prolonge sa démarche artistique et invite chacun à repenser sa relation à la matière.
À travers des témoignages, des photos et des réflexions, Kan Chan Kin y partage sa vision d’un monde où la créativité peut être une arme contre le gaspillage et l’indifférence. Engagé, poétique et profondément humain, Kan Chan Kin incarne un art tourné vers la planète. Là où d’autres voient des déchets, lui perçoit une symphonie. Et dans chaque note produite par ses instruments recyclés résonne un message clair : notre avenir se joue dans la manière dont nous traitons notre environnement.
