L’île Maurice, mondialement réputée pour ses lagons turquoise, ses plages de sable blanc et sa canne à sucre, s’apprête à surprendre le monde en se lançant dans un tout autre registre : la viticulture bio. À Bel Ombre, au sud de l’île, un projet inédit vient d’être lancé avec l’ambition de produire, d’ici 2029, les premières bouteilles de vin mauricien. Ce pari audacieux pourrait bien repositionner Maurice sur la carte mondiale des vins de terroir, en plus de diversifier son économie.
Le projet s’étend sur 15 hectares de vignes, avec la plantation progressive de 75 000 ceps d’ici cinq ans. L’objectif affiché est clair : produire environ 80 000 bouteilles par an dès 2029. Pour donner à cette aventure toutes les chances de réussite, Maurice a choisi de s’associer avec un partenaire de renom : le Domaine de Montille, prestigieuse maison bourguignonne reconnue pour ses vins d’exception. Ce partenariat allie expertise française et innovation tropicale.
Si ce projet surprend, il repose pourtant sur une découverte scientifique fascinante. Pendant des décennies, les sols mauriciens ont été chaulés pour répondre aux besoins de la culture de la canne à sucre. Résultat : un équilibre géochimique inattendu, offrant des conditions idéales pour la vigne dans un climat tropical. Cette singularité confère à Maurice un atout unique, qui pourrait bien transformer l’île en pionnière de la viticulture bio sous les tropiques. Les ambitions sont multiples et dépassent largement la simple production de vin. Le projet vise à créer le premier vignoble tropical certifié biologique au monde, un label fort qui attirerait aussi bien les amateurs de vin que les voyageurs curieux d’expériences inédites. À travers l’œnotourisme, Maurice entend enrichir son offre touristique, déjà centrée sur le balnéaire, en proposant aux visiteurs des dégustations et des visites de vignobles dans un cadre paradisiaque.
L’impact économique attendu est également significatif. Ce vignoble contribuera à la création d’emplois locaux, aussi bien dans la culture de la vigne que dans la transformation, la commercialisation et l’accueil touristique. Il s’agit d’un secteur entièrement nouveau pour l’île, qui illustre sa volonté de diversification économique face aux défis mondiaux. En misant sur un produit de niche à forte valeur ajoutée, Maurice pourrait séduire une clientèle internationale exigeante et renforcer son image de destination innovante et durable.
Le lancement du projet a été marqué par un geste symbolique : le ministre mauricien de l’Agro-industrie a planté les premiers ceps de vigne, acte fondateur d’une aventure qui mêle tradition viticole et audace tropicale. Cette initiative, saluée comme une étape historique, reflète l’ambition du pays de conjuguer savoir-faire importé et potentiel local. D’ici quelques années, il sera peut-être possible de déguster un verre de vin mauricien face au coucher de soleil sur l’océan Indien. Plus qu’un pari agricole, c’est une vision stratégique qui pourrait transformer l’île en laboratoire tropical du vin et offrir au monde une nouvelle appellation aussi surprenante que prometteuse.