Le secteur minier malgache s’impose depuis plusieurs années comme l’un des piliers de l’économie nationale. Il contribue à près de 5 % du PIB, représente plus de 30 % des exportations du pays et génère plus de 60 000 emplois directs et indirects. Cette importance a été réaffirmée lors d’une récente rencontre entre le ministre des Mines, Carl Andriamparany, et l’ambassadeur du Japon, qui ont souligné le rôle déterminant des ressources minières dans la trajectoire de développement de Madagascar.
L’industrie minière malgache repose sur une double réalité : d’un côté, une exploitation artisanale massive qui joue un rôle social important, et de l’autre, des projets industriels d'envergure qui tirent la croissance et les exportations. Parmi ces derniers, Ambatovy demeure le projet phare du pays. Situé entre Moramanga et Toamasina, ce complexe de nickel et de cobalt cumule près de 9 milliards de dollars d’investissements, génère environ 10 000 emplois directs et indirects, et représente à lui seul 30 % des exportations nationales. Sa contribution à l’économie malgache en fait l’un des exemples les plus emblématiques d’un partenariat industriel réussi.
À Fort-Dauphin, la société QIT Madagascar Minerals (QMM), spécialisée dans l’exploitation de l’ilménite, joue également un rôle structurant pour la région. Au-delà de l’activité minière, son partenariat avec le port d’Ehoala a permis d’accueillir plus de 1 300 navires et 51 000 croisiéristes depuis 2009, donnant un souffle nouveau à l’économie locale, notamment dans les secteurs du tourisme et des services portuaires. Dans le sud-ouest, le projet Base Toliara suscite de fortes attentes, mais aussi des critiques de la part de la société civile. Encore en phase pré-construction, il promet de dynamiser l’économie régionale grâce à l’exploitation de riches gisements d’ilménite et à des investissements sociaux importants. Le développement de cette mine pourrait devenir l’un des principaux contributeurs aux recettes publiques régionales, tout en générant des milliers d’emplois directs et indirects.
Madagascar se positionne également sur un marché d’avenir : celui des matériaux pour batteries électriques. Le pays dispose de gisements considérables de graphite, dont la mine Molo est l’un des exemples les plus avancés. À l’heure où la demande mondiale en batteries explose, notamment pour soutenir la transition énergétique, le graphite malgache représente une opportunité stratégique majeure pour attirer des investisseurs internationaux et intégrer les chaînes de valeur mondiales. Pour renforcer la gouvernance du secteur et améliorer l’attractivité du pays, le gouvernement prépare un nouveau code minier ainsi qu’une Loi sur les Grands Projets d’Exploitation Minière (LGPEM). Ces réformes visent à moderniser le cadre juridique, sécuriser les investissements et mieux encadrer les partenariats entre l’État et les opérateurs privés. Elles devraient également garantir une meilleure redistribution des retombées économiques au profit des populations locales.
Selon Michaël Randrianirina, président de la Refondation, la relance économique repose en grande partie sur l’initiative privée : +15 % d’investissements, création de 100 000 emplois en deux ans, et accompagnement de 10 000 entreprises vers la formalisation. Pour lui, un environnement économique stable, prévisible et équitable est essentiel pour soutenir ces efforts et attirer des capitaux supplémentaires. Avec ses richesses en nickel, cobalt, ilménite, graphite, or et pierres précieuses, Madagascar est parmi les pays les plus dotés du continent africain. Les grands projets miniers ne constituent pas seulement une source de devises : ils sont un moteur de transformation structurelle, favorisant l’industrialisation, les investissements étrangers et une croissance durable. Le défi sera désormais de concilier exploitation responsable, retombées locales et développement national à long terme.
