Pour sa toute première participation au Mondial du Pain, l’équipe mauricienne a réussi à marquer les esprits à Nantes. En revisitant les goûts et parfums emblématiques de la street food locale, le duo formé par Shezad Sahye et son commis Farhaan Moosuddee a hissé l’île Maurice à la neuvième place du classement, parmi vingt et une nations concurrentes.
Selon les médias locaux, cette performance remarquable consacre l’audace et le savoir-faire d’une jeune génération de boulangers décidée à faire rayonner les saveurs mauriciennes au-delà de l’océan Indien. Organisée dans le cadre du salon SERBOTEL, la 10ᵉ édition du Mondial du Pain – Goût & Nutrition, créée par les Ambassadeurs du Pain en 2007, est un rendez-vous incontournable pour les professionnels de la boulangerie artisanale. Cette année, une nouvelle voix s’est fait entendre : celle de Maurice. Dès la soirée d’ouverture, le 18 octobre, les représentants mauriciens se sont distingués par leur enthousiasme et leur originalité. Mais c’est lors des épreuves techniques et créatives, les jours suivants, que leur talent s’est pleinement exprimé.
Les concurrents disposaient d’un temps limité pour préparer levains, pâtes, pains, viennoiseries et pièces artistiques, sous le regard exigeant d’un jury international. Entre rigueur technique et créativité gustative, la compétition s’est apparentée à un véritable marathon culinaire. Plutôt que de s’inspirer des classiques européens, Shezad Sahye a choisi de raconter son île à travers le pain. Chaque création était une ode à la culture mauricienne, fusionnant les codes de la boulangerie française avec les saveurs de la cuisine de rue locale. Le jury a ainsi découvert des interprétations inédites du gato pima, du macatia coco, du dipin vinday, ou encore du gato arouy, sublimés par des textures, des couleurs et des arômes inattendus.
Cette approche culinaire, à la fois audacieuse et profondément ancrée dans l’identité mauricienne, a séduit par son authenticité. En faisant dialoguer tradition et modernité, le duo a su montrer que le pain pouvait devenir un vecteur d’histoire, de mémoire et de fierté nationale. L’équipe n’a rien laissé au hasard : tous les ingrédients provenaient du terroir local. L’ananas Victoria, le cacao criollo de Chamarel, la roselle acidulée, le limon de Rodrigues, l’arouille, la mélasse, le coco, et même la viande de cerf ont été intégrés dans des compositions raffinées et surprenantes. Chaque produit racontait une facette du patrimoine agricole mauricien, offrant un voyage sensoriel complet à travers les richesses de l’île.
Cette neuvième place, bien plus qu’un simple classement, consacre l’entrée de Maurice dans le cercle restreint des nations boulangères reconnues. Elle symbolise aussi une renaissance gastronomique, portée par des artisans passionnés qui valorisent leurs racines tout en regardant vers l’avenir. Pour Shezad Sahye et Farhaan Moosuddee, l’aventure ne fait que commencer. Leur performance à Nantes ouvre la voie à une nouvelle reconnaissance internationale pour la boulangerie mauricienne, preuve éclatante qu’avec du talent, du cœur et un soupçon d’audace, une petite île peut se tailler une place de choix sur la scène mondiale.
