Le Centre international de formation de l’OIT (ITCILO) a organisé dernièrement le programme « Skills for Fair Digital Transitions in Africa ». Soutenue par le ministère italien des Affaires étrangères et plusieurs institutions africaines, cette formation hybride vise à fournir aux pays de la région des outils concrets pour accompagner leur transition numérique. Elle cherche également à garantir une formation inclusive et à promouvoir l’égalité des chances dans les métiers émergents de l’intelligence artificielle, de l’entrepreneuriat numérique et de la cybersécurité.
Cette initiative illustre l’urgence pour les systèmes éducatifs de la région de s’adapter à un marché du travail en mutation rapide. Elle s’inscrit dans une dynamique plus large impulsée par l’Organisation internationale du travail (OIT), qui a élaboré un cadre de référence des compétences numériques. Ce document, conçu comme un outil stratégique, vise à clarifier la classification de ces compétences et à aider les États à structurer leurs politiques de formation et d’insertion professionnelle. Selon l’OIT, les compétences numériques couvrent l’ensemble des savoir-faire nécessaires pour utiliser les technologies numériques dans un contexte professionnel. Il ne s’agit plus seulement de savoir naviguer sur Internet ou rédiger un e-mail, mais aussi de manipuler des logiciels spécialisés, d’analyser des données ou de sécuriser des systèmes d’information.
Le cadre distingue plusieurs niveaux. Les compétences de base, comme la gestion de documents ou la communication numérique, forment le socle indispensable à tout emploi moderne. Les compétences intermédiaires englobent l’analyse de données, la maîtrise d’outils collaboratifs et l’utilisation de logiciels professionnels. Enfin, les compétences avancées, liées à la programmation, la cybersécurité ou la science des données, ouvrent la voie à des métiers hautement qualifiés dans les secteurs technologiques en pleine expansion sur le continent.
La Banque mondiale estime que les jeunes disposant de compétences numériques avancées ont davantage de chances d’accéder à des emplois formels et mieux rémunérés. À l’inverse, ceux qui n’en maîtrisent que les rudiments se retrouvent souvent cantonnés à l’économie informelle. La fracture numérique alimente donc la précarité professionnelle et creuse les inégalités socio-économiques. Or, l’accès à la formation numérique reste très inégal. Selon un rapport de la GSM Association (2023), seuls 29 % des habitants des zones rurales utilisent régulièrement Internet, contre une part beaucoup plus élevée en milieu urbain. Si à Maurice, une grande partie des habitants ont accès à Internet, les autres pays comme Madagascar sont encore à la traîne. Le coût élevé des données, la faiblesse de la couverture réseau et l’insuffisance des infrastructures constituent encore des freins majeurs. Pour combler ces écarts, l’OIT préconise une approche intégrée alliant formation initiale, apprentissage pratique et accompagnement à l’insertion professionnelle. Des programmes montrent qu’il est possible d’impliquer les jeunes, y compris en milieu rural, dans des parcours certifiants et adaptés aux besoins du marché.