La CNUCED prévoit un ralentissement du commerce maritime mondial en 2025, avec une croissance limitée à 0,5%. Une situation qui pourrait maintenir, voire alourdir les surcoûts logistiques pour la région.
Affectée depuis des mois par des crises géopolitiques et incidents d’ordres divers, la dynamique du commerce maritime mondial devrait ralentir cette année selon le dernier rapport de la CNUCED (Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement) intitulé « Staying the course in turbulent waters ». Alors que cette industrie a connu une croissance modeste de 2,2% en 2024, soutenue notamment par un apaisement des tensions sur les chaînes d'approvisionnement et une amélioration des performances dans certaines régions, les perspectives pour 2025 ne prévoient qu’à peine 0,5% de croissance globale cette année, avec +1,4 % pour le segment du fret conteneurisé.
En mai par exemple, le tonnage transitant par le canal de Suez était encore inférieur de 70% aux niveaux de 2023. Le détroit d’Ormuz, par lequel transite 11% du commerce mondial et un tiers du commerce maritime de pétrole, est également confronté à des risques de perturbations. À moyen terme néanmoins, c’est-à-dire sur la période 2026-2030, les volumes globaux pourraient croître à un rythme annuel moyen de 2%, avec +2,3% pour le fret conteneurisé. Cette conjoncture traduit une restructuration des chaînes d'approvisionnement, l'adaptation technologique et le renforcement de la résilience. Des dynamiques qui, selon le rapport, redessinent les schémas du commerce maritime, avec une attention croissante portée aux questions de sécurité énergétique, de durabilité et de fragmentation du commerce.
Pour 2025, une certaine réduction des contraintes qui ont fait grimper les coûts en 2024 est projetée, comme l'allongement des routes d'expédition ayant entraîné de plus grandes distances parcourues par unité de cargaison. Les volumes globaux ajustés en fonction de la distance (tonnes-milles) ne devraient ainsi augmenter que de 0,3% en 2025. Même si le réacheminement via des routes plus longues se poursuit, l'impact supplémentaire attendu devrait être minimal, car ces routes sont déjà intégrées aux opérations. Dans le détail, les prévisions de base pour le fret conteneurisé supposent la poursuite des détours de navires pour éviter les zones d’insécurité en Mer Rouge, ce qui maintient l'augmentation moyenne du trajet de 11%. Si le réacheminement cessait néanmoins, la croissance des TEU/milles (volume transporté sur une certaine distance) ralentirait, et les coûts de transport s'atténueraient.
Des facteurs qui risquent d’alourdir la facture des importations de la région, déjà lestées par un taux de fret représentant jusqu’à 40% de la valeur des marchandises dans certains pays. Pour atténuer ces risques, la CNUCED suggère que les politiques de transport maritime priorisent l'intégration régionale, renforcent la connectivité entre les ports et les arrière-pays, et diversifient les sources d'approvisionnement. Pour renforcer l'efficacité des plateformes portuaires dans ces pays, le rapport recommande aussi d’investir dans des dispositifs numériques et intelligents tels que les guichets uniques maritimes et les systèmes de communauté portuaire, sans omettre les solutions pour renforcer la cybersécurité, devenue un enjeu clé dans le secteur.