La République de Maurice, dans le cadre de la mise en oeuvre de sa stratégie de transformation numérique, a choisi de renforcer sa coopération avec l’Inde autour de l’intelligence artificielle (IA) et des compétences numériques. Cette initiative a été au cœur des échanges entre Vishwesh Kulkarni, secrétaire général de l’International Confederation of Human Resource Association, et Mahend Gungapersad, ministre mauricien de l’Éducation, lors d’une récente rencontre à Port-Louis.
Le partenariat vise à moderniser le système éducatif mauricien en y intégrant des modules axés sur l’IA, la cybersécurité et les compétences numériques de base. Concrètement, les autorités souhaitent introduire ces enseignements dès le secondaire, à partir de la sixième, afin de préparer les jeunes générations aux exigences de l’économie numérique. Des programmes de certification seront également proposés aux diplômés issus de filières non techniques, afin de leur offrir une passerelle vers des métiers émergents. La formation continue des enseignants constitue un autre pilier central de cette initiative. Il s’agit de doter le corps professoral des compétences nécessaires pour transmettre ces savoirs de manière efficace et durable. Cette approche permettra d’instaurer un écosystème d’apprentissage évolutif, en phase avec les mutations rapides de la technologie.
Maurice entend s’appuyer sur l’expérience réussie de l’Inde, pionnière dans le déploiement à grande échelle de programmes en intelligence artificielle et en apprentissage automatique. Grâce à ses partenariats public-privé et au dynamisme de ses instituts spécialisés, l’Inde a développé un modèle qui pourrait servir de référence au pays insulaire. Dans cette optique, les deux nations envisagent de mettre en place des outils pédagogiques innovants, tels que des plateformes d’auto-apprentissage, des contenus interactifs et des modules de formation en ligne. L’objectif est double : renforcer la diplomatie numérique de Maurice et faciliter le transfert de compétences par le biais d’échanges techniques avec ses partenaires stratégiques.
La mise en œuvre de ces initiatives pourrait avoir des retombées significatives sur l’économie mauricienne. En développant un capital humain formé aux nouvelles technologies, en particulier à l'IA, le pays espère accroître l’employabilité de sa jeunesse et stimuler l’émergence d’un écosystème technologique compétitif. Toutefois, la réussite du projet dépendra de plusieurs conditions : mobiliser des financements suffisants, former un nombre adéquat de cadres spécialisés et déployer ces programmes à l’échelle nationale. Ces défis restent cruciaux pour que la vision se concrétise au-delà des intentions.
Maurice dispose néanmoins d’atouts solides. Selon l’indice de préparation à l’IA publié par Oxford Insights en 2024, le pays se positionne en tête de l’Afrique subsaharienne, avec un score de 53,94 sur 100, devançant l’Afrique du Sud (52,91) et le Rwanda (51,25). La moyenne régionale s’établit à 32,70, ce qui illustre la longueur d’avance de l’île. Par ailleurs, le rapport « AI Investment Potential Index (AIIPI) 2025 » de l’Agence française de développement place Maurice dans le Top 5 africain en matière de potentiel d’investissement dans l’IA. Avec un score de 60,93 points, le pays se classe derrière l’Égypte (62,31) mais devant le Ghana (57,14), confirmant ainsi son attractivité dans ce secteur stratégique.
