L’Insee vient de publier une étude qui confirme une réalité de plus en plus palpable dans le quotidien des ménages réunionnais : l’inflation s’installe durablement et atteint des niveaux nettement supérieurs à ceux observés en métropole. Sur un an, les prix à la consommation ont progressé de 1,9 % sur l’île, soit quasiment le double de l’inflation nationale. Pire encore, l’évolution s’accélère : en juin, elle n’était que de +1,5 %.
A La Réunion, la spirale des prix continue de peser sur le pouvoir d’achat des familles. L’analyse détaillée de l'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) montre que ce sont avant tout les services qui tirent les prix vers le haut. Dans ce secteur, l’augmentation est particulièrement marquée : +5,8 % en juillet, contre +5 % en juin et +4,8 % en mai. Un rythme nettement supérieur à celui observé en métropole (+3,3 %). Parmi les hausses les plus significatives figurent les services de santé (+2,2 %), les services de transport (+10,7 %), ainsi que les dépenses liées au logement (loyers, eau, enlèvement des ordures ménagères, +0,7 %). Pour les ménages réunionnais, ces postes de dépenses incontournables pèsent de plus en plus lourd dans le budget.
L’autre secteur clé de cette inflation est l’alimentation, dont les prix ont bondi de 4,4 % sur un an, contre seulement +1,6 % en moyenne nationale. Les produits frais enregistrent une véritable flambée : +13 %, alors que la hausse n’est que de 1,6 % dans l’Hexagone. Or, l’alimentaire représente environ 16 % du budget des foyers réunionnais, ce qui en fait un levier majeur d’érosion du pouvoir d’achat. Cette progression s’explique notamment par la dépendance de l’île aux importations, combinée à des difficultés logistiques et à une volatilité accrue des prix mondiaux.
En revanche, les produits manufacturés se montrent stables (+0 %), tout comme au niveau national (-0,1 %). Certaines catégories échappent même à la hausse : habillement et chaussures (+1,6 %) ou produits de santé (-1,9 %). Ces biens représentent 28 % du budget des ménages, et leur stabilité contribue à atténuer partiellement la pression inflationniste. Côté énergie, la tendance est plutôt à la baisse avec une chute des prix de 8,6 % sur un an à La Réunion, soit davantage qu’en métropole (-7,2 %). Néanmoins, un poste interpelle particulièrement : celui de la bouteille de gaz, dont le prix a bondi de 20 %, passant de 15 € à 18 €. Un produit de première nécessité pour la cuisine quotidienne, dont l’augmentation impacte directement la vie des familles.
Réduire la dépendance aux importations
Enfin, le tabac enregistre une hausse spectaculaire de 7,7 % sur un an, soit presque le double de la progression nationale (+4 %). Si cette évolution correspond à une tendance structurelle de hausse des taxes et des prix sur ces produits, elle contribue néanmoins à alourdir le panier de consommation des ménages concernés. Selon les analystes, juguler l’inflation à La Réunion est un défi complexe, car elle résulte à la fois de facteurs locaux (coûts d’importation, dépendance logistique, structure du marché) et globaux (prix mondiaux de l’énergie, des denrées alimentaires, tensions géopolitiques).
Quant aux pistes identifiées pour mieux lutter contra le vie chère, elles concerne plusieurs secteurs. Pour l'agriculture, l'île dervait encourager fortement la production vivrière (fruits, légumes, élevage) afin de réduire la dépendance aux importations alimentaires, très sensibles aux fluctuations mondiales. En outre, La Réunion est invitée à développer davantage les énergies renouvelables (solaire, hydraulique, biomasse) pour diminuer l’impact des cours internationaux du pétrole et du gaz. Il est également important d'améliorer la logistique et réduire les coûts d’importation en négociant des frets maritime et aérien plus compétitifs pour les produits de première nécessité, tout comme il est stratégique d'optimiser les infrastructures portuaires et la chaîne d’approvisionnement afin de limiter les surcoûts liés au transport.